Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
LES KITHARÈDES

ces rythmes brisés sont pareils aux magistrales ébauches dont la suggestion attarde et prolonge le rêve. Méléagre, en sa couronne poétique, symbolise les vers de la Musicienne par le frais crocus virginal.

Ses fragments, comme ceux de Psappha, portent l’empreinte de la Grâce inimitable. Ils ont la beauté imprécise et fluide des algues. Une épigramme funéraire lui fait dire : Si l’Hadès n’était point venu prompt à moi, qui aurait eu un nom aussi grand ?

Ce paktis trop tôt muet laisse la douloureuse indignation que l’on éprouve devant les catastrophes stupides. Éranna restera dans la mémoire des hommes la Promesse, l’Espoir, l’Aube Incertaine.

La Poétesse aux mains lourdes de crocus quitta sa patrie pour apprendre de Psappha les harmonies divines. Elle fut sa plus fervente disciple, et bientôt elle rivalisa avec Celle qui l’instruisit. Et autant Sappho l’emporte sur Érinna dans les vers lyriques, autant Érinna (l’emporte) sur Sappho dans les hexamètres[1].

Deux épigrammes de la vierge de Télos nous apprennent le nom des Amies qui lui furent chères : Agatharchis[2] et Myrô. Elle fut aimée de Psappha, que Nossis a

  1. Autre épigramme.
  2. Qui a un beau commandement.