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TÉLÉSILLA


Cette Artémis, ô vierges, fuyant Alphéos…

Cette Artémis, fuyant le désir mâle, ô vierges,
Tourna vers le lointain du sud ses yeux lassés.
Et ses pieds fugitifs illuminaient les berges,
Foulant avec dégoût les couples enlacés.

Ses longs rayons aigus perçaient l’ombre des rives
Et dardaient les venins, les terreurs et les maux,
Sur les hommes en rut et les femmes passives,
Luttant et se mêlant comme les animaux.

Car son orgueil se plaît aux jeux chastes et rudes
De la course à travers le ravin et le pré ;
Elle cherche l’effroi des larges solitudes
Où nul souffle mortel ne trouble l’air sacré.