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LES KITHARÈDES

de hanches et de poitrine, était vigoureux « comme un souple arbrisseau ». L’ardeur des combats animait sa pâleur d’ambre.

Plutarque a recueilli une légende sur la naissance de l’Argienne à la musique et aux vers. C’était une Eupatride, belle et aimée, mais affligée d’une de ces mystérieuses et terribles maladies où les Anciens voyaient un châtiment des Dieux. La fièvre et la langueur inconnues ayant consumé ce jeune corps, Télésilla consulta un oracle qui lui ordonna, si elle voulait guérir, de se joindre aux serviteurs des Muses. Elle obéit au commandement divin. Sa piété fut doublement récompensée, car non seulement elle retrouva son ancienne vigueur, mais elle fut honorée par les femmes d’Argos, pour la magnificence de ses vers. Ses strophes semblaient tissées de pourpre et d’or… Elle aimait le faste des rythmes variés et la pompe des phrases.

Pendant la guerre d’Argos contre Sparte (495 av. J.-C.), Télésilla moissonna les lauriers sanglants des Héros. Ses odes généreuses mirent un éclair au front de ses concitoyennes, et ses fébriles accords résonnèrent comme l’appel d’Arès.

La statue de Télésilla fut érigée dans le temple d’Aphrodite. Elle gardait l’attitude d’une héroïne, ceignant le glaive et soulevant le bouclier. Quelques commentateurs ont affirmé que cette statue ne représentait point Télé-