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MYRTIS

lui, à ce que l’on rapporte. Et, comme elle le tentait, il se détourna d’elle, et, lui ayant adressé des paroles insultantes, alla vers les frères d’Ochna, afin de l’accuser. Mais la vierge le devança dans ses accusations et excita ses frères, Okémos, Léon et Boukolos, à tuer Eunostos qui, disait-elle, l’avait prise de force. Ceux-ci, donc, lui ayant dressé une embuscade, tuèrent le jeune homme. Elieus les chargea de chaînes. Ochna, repentante et pleine de trouble, voulant soulager son chagrin d’amour, et en même temps prise de compassion pour ses frères, avoua toute la vérité à Elieus, qui, à son tour, la révéla à Kolonos. Et, Kolonos ayant jugé, les frères d’Ochna s’exilèrent. Quant à elle, elle se précipita, comme l’a raconté Myrtis, la poétesse lyrique d’Anthédon. »

Le Temps, le plus aveugle et le plus stupide des Ikônoklastes, a brisé les statues de Myrtis et les tablettes de marbre où furent inscrites ses strophes ioniennes. Il ne reste d’elle que son nom de Kitharède, évocateur comme un parfum, son nom qui est un poème : Myrtis.

Myrtis aux cheveux d’hyacinthe, qui entras en rivalité avec Pindare et qui louas la vertu des héros et des héroïnes, Myrtis qui te dévoilais à travers les odes de Korinna ! Quelques rares Poètes cherchent à entrevoir le reflet de ton visage crépusculaire, le passage de ton ombre musicale… Ils pleurent tes harmonies disparues, et se lamentent de ce qu’elles furent aussi périssables