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KORINNA

ont le pli hautain qui marque les lèvres des conquérants… Une voix de femme, s’élevant au plus profond de la foule, l’a nommée : Immortelle !

… Korinna s’est tue… Les siècles ont passé sur son œuvre et l’ont détruit. Ceux qui se souviennent d’elle et qui l’aiment pieusement retrouveront, dans les merveilleuses statuettes des femmes de son pays, cette grâce disparue de Tanagréenne. À travers les larges plis d’étoffe aussi beaux que les vagues, ils reverront les mouvements libres du corps. Ils ressusciteront les gestes et les attitudes, modulations de musique et frissons de poèmes… Et, devant ce néant, ils évoqueront la puissance d’ivresse et de vie que dégageait autrefois tout l’être inspiré de la Kitharède… Ils répéteront, comme une plainte et comme un reproche, ce vers :

Est-ce que tu dors sans interruption ? en vérité tu n’étais point avant, Korinna,…