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LES KITHARÈDES

reprocha d’avoir négligé les épithètes qui colorent la strophe. Disciple trop zélé, Pindare alourdit ses vers d’une prolixité d’adjectifs empanachés. La Musicienne le lui reprocha en une phrase célèbre : Je t’ai dit de semer avec la main, et toi, tu as ouvert le sac et tu l’as répandu dans le sillon.

Jamais de sages paroles ne furent prononcées avec autant de grâce. On devine, en les entendant, le demi-sourire qui les souligna. Korinna était digne de fonder, comme Psappha de Mytilène, une École de Poésie, et de dispenser les roses de Piéria aux Aèdes futurs.

La splendeur mortelle de Korinna fut perpétuée par l’Art. Pausanias vit, dans un temple de Tanagra, une image peinte de la Kitharède. Elle ceignait d’un bandeau triomphal sa chevelure olympienne. Pausanias, périégète inexact et critique médiocre, attribue à la seule beauté de Korinna ses victoires dans l’arène harmonieuse.

Plusieurs villes de l’Hellas furent honorées d’une statue d’elle. Les cinq livres de ses poèmes se composent de chœurs lyriques, de parthénia en l’honneur d’Artémis ou de Pallas Athéné, d’épigrammes[1] et de récits épiques, parmi lesquels Iolaos et Les Sept contre Thèbes.

  1. Courtes pièces propres à être inscrites sur un piédestal de statue, un sarcophage, un vase, etc.