Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
KORINNA

tienne se complaisait à célébrer dans ses parthénia[1] les Nymphes et les Héroïnes de son pays chantant.

Celle qui l’emporta cinq ou six fois sur Pindare nous apparaît ainsi qu’une Victoire prête à prendre l’essor. Elle frémit de l’orgueil sacré des Aèdes, quand elle dit avec ampleur :

… Et ma ville s’est grandement réjouie de mes chants au babil harmonieux.

L’impérieuse Poétesse de Tanagra, si elle négligea de tresser les hyacinthes de l’amour, cueillit pieusement les violettes de l’amitié. Conseillère affectueuse de Myrtis et de Pindare, elle les blâma et les encouragea tour à tour… Et tous deux la chérirent pour l’éloquence de ses paroles et la sagesse de ses pensées. Elle apprit à son illustre disciple les « lois des mythes ».

Korinna possédait le sens hellénique des belles épithètes. Cet art persiste chez le plus délicat des poètes modernes : Keats. Le chanteur de l’impérissable Ode to a Grecian Urn disait que la poésie n’était que la sélection savante d’adjectifs judicieux. L’Anglais de génie a peut-être exagéré la pensée grecque de Korinna. Elle aimait la ligne sévère de la Statue et du Poème. Pindare lui ayant un jour demandé son jugement sur des vers, elle lui

  1. Strophes chantées par des vierges.