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VARIATIONS SUR UN THÈME

l’ombre. Les béryls des prunelles chatoyaient ainsi que des vagues immobiles. La Femme Divine s’offrait et s’éloignait à la fois, en une attitude de fuite et de langueur. Les bras s’abandonnaient, lassés d’étreintes. Les lèvres étaient amères de baisers et brûlées par le sel des larmes bues. Et la chair de marbre, la chair froide et frémissante appelait impérieusement tous les désirs épars dans l’Univers.

Kallô, devant l’Œuvre accomplie, ne ressentit point la tristesse du songe incarné, c’est-à-dire amoindri et rabaissé de l’Infini à la Matière. Elle n’éprouva que le calme d’une voyageuse devant le seuil de sa maison… Son Destin était consommé. L’existence devenait vaine, puisque le But Unique était atteint.

Elle versa dans une coupe, ciselée par ses mains laborieuses, un poison oriental, et loua les Déesses de cette belle et heureuse mort accordée ainsi qu’une suprême faveur. Puis, ayant bu, elle expira.

Salut et adieu ! car elle n’eut aucun reproche dans sa vie.