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CHARIXÉNA

poètes, Marie de France, Charles d’Orléans, Villon. Elle chanta librement, comme les merles et les cigales. Les lois formelles de l’harmonie classique n’entravaient point encore sa neuve inspiration. Ses vers exhalaient une fraîcheur sauvage qui ne fut point sans charme. Ils se rapprochaient plus du dithyrambe que de l’ode sévère et solennelle. Les commentateurs la blâment de cette jeunesse de rythme et de pensée, qui garde toutes les gaucheries charmantes de l’adolescence. Ainsi, Boileau dédaigne d’un silence les Précurseurs si naïvement gracieux et s’écrit, avec un soupir de soulagement :

« Enfin Malherbe vint… »

L’Antique Musicienne appartient à l’école lyrique d’Éolie. Elle est l’éphémère Poétesse des baisers éphémères. Elle est périssable à l’égal de la Beauté vivante. Il faut aimer cette mémoire légère, qui semble un frêle écho de flûte perdu dans le couchant.