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APPENDICE

ancienne : elle avait écrit des chants pour instruments à cordes ; d’autres en font une poétesse lyrique. Théopompe dans ses Cordes dit : « Car elle tire des sons d’instruments à cordes usés, comme du temps de Charixéna. »

La Poétesse est mystérieuse et lointaine, — si lointaine que l’Imagination elle-même recule devant ce visage, voilé comme le visage d’Isis. Et, pourtant, un vague parfum de fenouil, un vague murmure de pipeaux, s’attardent autour de l’Image indécise.

Le souvenir de Charixéna est pareil à un fragment d’idylle… La Kitharède très ancienne fut une joueuse de flûte… Le paktis de Psappha et d’Éranna et la lyre de Korinna la Tanagréenne furent trop lourds pour ses mains lasses d’amoureuse… Mais son haleine brûlante enfiévra les roseaux creux, et, parfois, vers le soir, elle chanta l’ardente mélancolie des ferveurs déçues. Elle fut la servante harmonieuse de l’Aphrodita et de l’Erôs.

Pas plus que Psappha, elle n’échappa aux basses railleries des auteurs comiques, éternellement déshonorés par leur stupide incompréhension du Génie féminin. Elle eut, elle aussi, l’honneur d’être lapidée. Le blâme des sots n’est-il point le plus précieux hommage aux êtres supérieurs ? Aristophane l’accuse d’être simple et sotte’’. Mais le ridicule est une arme souvent dangereuse à manier, et cette injure n’est point à l’honneur d’Aristophane.

Charixéna paraît avoir chanté à la façon de nos vieux