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LES KITHARÈDES

Moïrô n’appartient point à la blanche théorie des vierges harmonieuses. Elle fut la femme du grammairien Andromachos, surnommé Philologos, et la mère ou la fille d’Homère le Byzantin (300 ou 250 avant J.-C.), grammairien comme Andromachos et poète comme elle.

Fervemment amoureuse de l’Iliade et de l’Odyssée, la Kitharède byzantine commenta avec une rare perspicacité tendre certains passages de l’Aède errant. Athénée dit : « Moïrô la Byzantine fut la première à comprendre la pensée des poèmes d’Homère dans son œuvre intitulée : La Mémoire, disant que les colombes apportent l’ambroisie à Zeus. »

Eustathios dit encore :

« La Byzantine Moïrô, qui fut poétesse, elle aussi, raconte, selon le témoignage d’Athénée dans son livre sur les pigeons sauvages, en parlant de l’aigle, qu’au temps où Zeus était élevé en Crète, un grand aigle tirait avec son bec le nektar de la falaise et le portait vers Zeus très sage au conseil. Et ce fut en récompense que Zeus, dont le tonnerre traverse les distances, lorsqu’il eut vaincu Khronos, rendit l’aigle immortel et le plaça dans les cieux, c’est-à-dire qu’il le rangea parmi les étoiles. Comme elle le dit aussi, il accorda la même gloire aux timides colombes qui sont maintenant les messagères de l’été et de l’hiver. Hésiode partage cette opinion. On voit d’après ces paroles : il accorda la même gloire aux