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ANYTA DE MYTILÈNE

Moi, Hermès, j’étais debout près du jardin ouvert aux vents, au croisement de trois chemins, près de la mer blanchissante, offrant aux hommes fatigués une halte dans leur route : et une source pure leur verse une eau fraîche.


Ici, dans le verger où se croisent les vents,
Près du sable blanchi par le sel et l’écume,
J’accorde le repos, loin des étés fervents,
Sur l’herbe aux bleus reflets que le cerfeuil parfume.

L’air marin courbe l’orme et les pommiers fleuris,
Mais, ici, la langueur du mélilot s’exhale,
Et, baignant l’aloès et le vert tamaris,
La fontaine jaillit, riante et virginale.

Moi, l’Hermès dont les yeux suivent les flots d’étain,
Sur mon socle de pierre aux bords moussus, j’écoute
Le chant de l’eau, plus clair que le pipeau lointain,
Et les pâtres lassés ont oublié la route.