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LES KITHARÈDES

J’abandonne à la vérité la lumière très belle du soleil, ensuite les astres brillants et le visage de la lune, et aussi les concombres de la saison et les pommes et les poires.


Je quitte en gémissant la lumière très belle
Du soleil, et la grotte où l’azur vient pleuvoir,
Les prés où la cigale attend la sauterelle,
Les pipeaux de l’aurore et les flûtes du soir.

J’abandonne le rire attentif de la Lune,
L’éloge de la foule et l’accueil des amis,
Les vierges dénouant leur chevelure brune
Dans le jardin nocturne aux parfums endormis.

Les fils enchevêtrés des lueurs et des ombres
Ne m’enlaceront plus de leurs tissus légers,
L’ardeur des grappes et la fraîcheur des concombres
Ne m’attireront plus vers les brillants vergers.

Je ne cueillerai plus les pommes ni les poires,
Je ne mirerai plus mes yeux noirs dans le flot
Qui me taquine avec des appels illusoires,
Je ne m’étendrai plus parmi le mélilot…