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LES KITHARÈDES


N’as-tu point dit, jadis, devant les cieux d’opales,
Caressant Éranna courbée à tes genoux,
Et mêlant tes cheveux noirs à ses cheveux pâles :
« Quelqu’un, dans l’avenir, se souviendra de nous.
Les Muses, à qui plait la voix des amoureuses,
Nous firent glorieuses. »


… mon nom est Nossis.


Que mon salut te suive au delà de la mer
Et des couchants de pourpre, ô femme qui navigues
Vers Mytilène aux murs vivants comme une chair,
Vers la Rive couchée en ses roses prodigues,
Qui recueille les noms jeunes et le printemps
Des hymnes consentants.

Éranna de Télos s’attarde dans la ligne
Féminine de la crique, — sa brève voix
Chante plaintivement le petit chant du cygne.
Parfois, ressuscitant les baisers d’autrefois,
Elle erre, les cheveux défaits, sous l’aile ombreuse
De sa nuit d’amoureuse.