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LES KITHARÈDES

Épitaphe


Et, ayant ri aux éclats, tourne-toi vers moi et dis-moi une parole amicale. Je suis Rhinthon de Syracuse, chétif rossignol des Muses, mais des bouffonneries tragiques nous avons cueilli notre lierre personnel.


J’ai ployé sous le poids accablant de la lyre,
Et j’ai pleuré jadis des vers sans lendemain :
Murmure une parole amicale, et d’un rire
Réjouis mon silence, et passe ton chemin.

Moi, qui fus un chétif rossignol des Piérides,
J’ai chanté le printemps au lumineux retour ;
La lune me baigna de ses remous limpides,
J’ai vécu fervemment mes bleus minuits d’amour.

Je vis blondir Phoibé radieusement nue…
Aujourd’hui je sommeille au pied des aloès
Et des rudes cactus : et mon ombre inconnue
Erre dans la forêt muette de l’Hadès.