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LES KITHARÈDES

virginales, elle tissait la trame, et qu’elle offrit à Héra l’Auguste cette robe de lin qui fut un labeur de patience et de tendresse, comme toute œuvre d’art. Elle fut une amoureuse de l’amour. Rien n’est plus doux qu’Érôs, et tout ce qui est heureux vient après, dit-elle avec une passion ingénue. Elle fut une admirable amie. Sa blanche affection pour Alkétis survit en défi de la souillure du mariage et des hideurs de l’enfantement. D’inoubliables regards féminins brillent à travers ses strophes. Samytha, la vierge aux beaux parfums, offre à l’Aphrodita le réseau qu’embaumèrent ses blonds cheveux de miel et de nektar, le réseau d’argent ingénieusement travaillé où luisent les aigues-marines… De ses yeux de peintre, de ses yeux avides à refléter les couleurs, Kallô discerne l’Œuvre future dans la grâce imprécise, dans le charme fuyant de l’ébauche. Sa chaste ardeur vers l’Art Insaisissable consume ses jours pieux. Elle meurt, n’ayant aucun reproche dans sa vie… À travers le beau sourire de Sabaithis se dévoile une âme aussi lumineuse que son visage… Polyarchis l’eupatride se réjouit naïvement de la magnificence de sa chair, et offre à la Déesse Favorable une statue d’or faite à sa ressemblance… Thymarété, la vierge aux douces paupières, caresse la petite chienne qui garde la maison… Et la lointaine Psappha attire impérieusement l’âme errante de l’étranger vers Mytilène aux beaux chœurs. Psappha, fleur brûlante comme une étoile,