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LA VÉNUS DES AVEUGLES


L’ombre aux métalliques reflets
Engourdit les marais d’eau brune,
Et voici que s’éteint la lune
Dans le rire des feux follets.

Ta chevelure est une pluie
D’or et de parfums sur mes mains.
Tu m’entraînes par les chemins
Où la perversité s’ennuie.

J’ai choisi, pour ceindre ton front,
La pierre de lune et l’opale,
L’aconit et la digitale,
Et l’iris noir d’un lac profond.

Volupté d’entendre les gouttes
De ton sang perler sur les fleurs !…
Les lys ont perdu leurs pâleurs
Et les roses s’empourprent toutes…