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LA VÉNUS DES AVEUGLES


Et, voyant que j’étais debout en mon orgueil,
Elles ont déchiré mes vêtements de deuil.

Sans crainte du Destin muet qui les contemple,
Elles ont fait leur lit sous la voûte du Temple.

Je poursuis mon chemin vers le havre inconnu.
Les Femmes de Désir ont blessé mon cœur nu…

Entrelaçant pour moi les lys de la vallée,
Les Femmes de Douceur m’ont enfin consolée.

Elles m’ont rapporté la ferveur et l’espoir
Dans leur robe, pareille à la robe du soir.

Elles ont délié l’amarre d’une jonque,
Et j’écoute à leurs pieds des murmures de conque.

Nous allons, au hasard de la pagaie, Ailleurs…
Et je sens ruisseler l’azur des jours meilleurs.

Entrelaçant pour moi les lys de la vallée,
Les Femmes de Douceur m’ont enfin consolée.