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LA VÉNUS DES AVEUGLES

Mon rêve septentrional cherche les cieux
Dont la frigidité m’attire et me rappelle,
Et la forêt où dort la neige des adieux.

Car je suis de ceux-là que la froideur enivre.
Mon enfance riait aux lumières du givre.
Je triomphe dans l’air, j’exulte dans le vent,
Et j’aime à contempler l’ouragan face à face.
Je suis fille du Nord et des Neiges, — souvent
J’ai rêvé de dormir sous un linceul de glace.

Ah ! la Fourrure où se complaît ta nudité,
Où s’exaspérera mon désir irrité ! —
De ta chair qui détend ses impudeurs meurtries
Montent obscurément les chaudes trahisons,
Et mon âme d’hiver aux graves rêveries
S’abîme dans l’odeur perfide des Toisons.