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l’extrême terreur, je compris que la femme de l’ex-geôlier allait me livrer.

Je me retournai. D’un clin d’œil je la découvris toute. Je constatai d’abord qu’elle était abominablement saoûle. Pareils à deux outres vides, ses seins tombaient sur son ventre gonflé comme pour une grossesse. Son nez, dans la demi-obscurité, semblait un soleil couchant. À ses lèvres grasses s’aigrissait un relent de mauvais vins. Ses cheveux, maladroitement teints, étaient rouges par plaques. De gros anneaux d’or appesantissaient ses lourdes oreilles plus accoutumées à entendre des beuglements de bêtes abattues que des sérénades. Elle titubait, et de sa gorge s’échappaient des hoquets suris.

Ce qui me frappa surtout, ce fut la coquetterie grossière de ses vêtements. La jupe écarlate flamboyait, telle une forge ; le corsage, d’un jaune belliqueux, claironnait ainsi que des trompettes