Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parce que j’ai parfois un si grand vide au cœur !

Mais je ne suis sûr de rien.

Ça vous dérange un peu les idées, d’avoir vu de près la Soif qui rôde dans les prairies.

J’ai choisi pour ma compagne de route cette Polly que j’exècre, ou plutôt elle m’a choisi pour compagnon. Je finirai par la tuer un jour. Cela, je le sais. Je la hais parce qu’elle est vigoureusement saine, et que je suis, moi, un fiévreux débile. Elle est plus hardie et plus solide qu’un mâle. Elle m’enverrait rouler à dix mètres d’une chiquenaude. C’est d’ailleurs une bonne géante, quand elle n’a pas trop bu. Mais, voilà ! Elle se saoûle volontiers. Peut-être a-t-elle peur, elle aussi, de la Soif qui nous guette tous les deux.

Je hasardai une réflexion au cours du chemin.

« Il y aura sûrement de l’orage avant peu, Polly, ma fée, ma chimère.

— Idiot ! » souffla-t-elle avec conviction.