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Elle me jeta un de ses longs regards jaunes.

« J’ai si longtemps respiré l’air des forêts, l’air vibrant de neige, je me suis si souvent mêlée aux Blancheurs vastes et désertes, que mon âme est un peu l’âme des louves fuyantes. »

À la fin, cette femme m’effrayait. Elle s’en aperçut, et changea de ton.

« J’ai l’amour de la netteté et de la fraîcheur, » continua-t-elle en un rire léger. « Or, la vulgarité des hommes m’éloigne ainsi qu’un relent d’ail, et leur malpropreté me rebute à l’égal des bouffées d’égouts. L’homme, » insista-t-elle, « n’est véritablement chez lui que dans une maison de tolérance. Il n’aime que les courtisanes. Car il retrouve en elles sa rapacité, son inintelligence sentimentale, sa cruauté stupide. Il ne vit que pour l’intérêt ou pour la débauche. Moralement, il m’écœure ; physiquement, il me répugne… J’ai vu des hommes embrasser des