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amour, de tout mon orgueil et de tout mon dédain. Et je lui dis avec lenteur :

« Ma demeure n’est point une baraque où traînent des flacons de méchants parfums et des pots de fard. Que viens-tu faire dans cette chambre vide et seulement meublée de souvenirs ? Pourquoi vouloir éblouir ce Passé que je suis ?… Je te vois telle que tu es. Je me suis détournée de toi avec une nausée. Tu es la maîtresse saoûle des voleurs et des saltimbanques. L’odeur des abattoirs te plaît, et tu aspires avec volupté la fumée précieuse du sang. Tu es aveugle comme ceux qui font métier de juger leur prochain. Tu es stupide comme les guerriers et tu es vénale comme les mérétrices. Tu t’abandonnes de préférence à ceux qui te violent, et, si tu exaltes par hasard une femme fière ou un homme pauvre, ce n’est que par un caprice de courtisane ivre. En vérité, ton sexe est une place publique, et je ne voudrais pas ac-