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Ils sont ainsi mauvais parce qu’ils sont eunuques,
Et que celle que j’aime a des yeux sans pareils,
Pleins d’abîmes, de mers, de déserts, de soleils,
Qui font vibrer d’amour les moelles et les nuques.

Leur colère est le cri haineux de la douleur…
Et moi, je les excuse en la sentant si belle,
Si loin d’eux à jamais, si près de moi… Pour elle,
Elle les voit souffrir en mordant une fleur.

J’entre dans le palais baigné par l’eau charmante,
Où l’ombre est calme, où le silence est infini,
Où, sur les tapis frais plus qu’un herbage uni,
Glissent avec lenteur les pas de mon amante.

Ma Sultane aux yeux noirs m’attends, comme autrefois…
Des jasmins enlaceurs voilent les jalousies…
J’admire, en l’admirant, ses parures choisies
Et mon âme s’accroche aux bagues de ses doigts.