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L’homme les contempla sans une parole, et ses yeux rayonnaient d’une fureur sacrée. Il s’avança, et, irrésistible comme le Destin, il brisa les fragiles Ikônes. Puis, arrachant un flambeau de l’autel, il brûla le Temple, et le Temple s’écroula et ne fut plus qu’un amoncellement de pierres et de cendres.

L’ikônoclaste, debout, triompha parmi les décombres fumants.

Je lui dis d’une voix indécise : « Ô Destructeur des anciennes Idoles, ton acte fut-il sage, et qu’adviendra-t-il demain, lorsque la foule, accourue pour offrir ses adorations et ses prières, ne trouvera plus qu’un autel enseveli sous un temple en ruines ?

« La foule, libérée des effrois de jadis, et trop aveugle pour s’élever à une conception supérieure du monde et des êtres, se livrera à d’abominables débauches et à d’imbéciles cruautés sur le lieu même où s’élevaient les nuages pieux de l’encens.

« Qu’as-tu fait, ô Destructeur, et ne crains-tu pas l’Aurore qui semble poindre dans l’incertitude du ciel ? »

L’ikônoclaste me regarda avec un orgueil serein, et me répondit, illuminé encore de sa victoire :