Page:Vivien - Du vert au violet, 1903.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
Du vert au violet

et du souvenir, et le Couchant glorifia le tombeau d’une auréole tragique.

Sous l’ombre des cyprès, une forme immobile et blanche que je n’avais point remarquée parmi les statues de marbre, s’anima et vint vers moi, lente et résolue.

« Le passant a menti, dit-Elle : ce tombeau consacre une héroïque mémoire. Tu liras, sur le marbre, le nom d’un homme qui mourut volontairement. Il a dominé l’instinct le plus puissant, celui de la Vie. Il a triomphé de la nature, en ce qu’elle a de plus tenace, par l’Acte de Destruction. Et c’est pourquoi j’ai tracé en lettres d’or, sur le monument funèbre, ces mots que mes pleurs n’ont pu effacer :

« Il a vaincu. »

— Non, lui répondis-je, il a fait mieux encore : il s’est affranchi.

— N’est-ce pas la plus grande victoire ? » me demanda-t-Elle.

… Et le soir but nos paroles.