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« Mais toi, Niobé, tu sens déjà gronder en ton être la colère et l’orgueil des Titans affamés de justice et assoiffés de puissance, en toi gronde la révolte magnanime des Géants.

« Et toi-même, défiant la tyrannie des Dieux qui oppriment l’univers, tu secoueras leur joug, et vous vous dresserez contre eux, toi et tes enfants prédestinés.

« Ton ressentiment n’épargnera point la blonde compagne, la joie et la douceur de ton enfance, car elle partagera la splendeur insolente des Olympiens, et méritera, comme eux, l’éclair de tes yeux indignés et la clameur vengeresse de ta voix puissante.

« Mais tu seras vaincue dans la lutte inégale, ô Révoltée, et la stupeur d’une angoisse surhumaine te rendra semblable aux rochers éternellement immobiles dans leur méditation fixe, aux rochers hautains et dont le silence exprime une immuable rancune et une immuable douleur… »

Elle se tut, ainsi que le vent du soir se tait dans les feuillages. Latone et Niobé se regardèrent, épouvantées, voyant déjà se dresser entre elles la volonté des Dieux.