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Afin de te réveiller, ô Incurieuse, j’ai pris une poignée de rayons de lune et je les ai jetés comme des fleurs contre ta fenêtre.

Mais ta fenêtre demeura close et les rayons de lune n’effleurèrent pas ton front insensible.

Je me suis vêtue de neige pour te plaire, et la neige me brûlait comme le contact de ta chair froide et virginale.

Mais tu n’ouvris point ta fenêtre, tu ne te penchas point afin de contempler mon clair manteau de neige.

Je me suis couverte de boue pour te plaire, et la boue ruisselait sur mon corps fiévreux et l’étreignait de son odeur fétide.

Mais tu n’ouvris point ta fenêtre et tu ne te penchas point afin de contempler mon abjection.

Je prendrai la forme de ton rêve, ô Incurieuse, pour te posséder pendant ton sommeil.

J’ai festoyé avec les crapauds dans les marécages où les serpents sifflaient harmonieusement pour nous réjouir.

Mais je n’ai pu t’oublier parmi les lumières du festin.

Comme les araignées j’ai tissé les toiles et j’ai voulu t’arrêter au passage lorsque tu effleurais les champs lumineux de rosée.