Page:Vivien - Du vert au violet, 1903.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
LE CHANT DES SIRÈNES

— Tu ne peux pas comprendre, Méniskos, répondit Iône. Les hommes sont lâches dès leur naissance. Deux instincts seuls les font agir, l’orgueil et la bestialité. Jamais un homme ne donnera son existence pour entendre le Chant des Sirènes. »

Méniskos haussa les épaules, et s’en alla vers le foyer et le repas du soir. Au crépuscule, Iône détacha la barque, qui se perdit dans la brume où flottent les Visions.

Elle erra trois jours et trois nuits. Et les Sirènes lui apparurent, par un clair de lune vert qui se brisait sur les flots…

Leur chant était imprécis comme le chant des vagues, il attirait comme l’appel mystérieux des ondes, il se déroulait avec une ampleur grave, comme le sanglot de l’Océan, il étreignit l’âme d’Iône, qui s’abîma voluptueusement dans les flots…