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préface

de l’esprit. Une de ces deux suprématies engendre la sottise, la dureté du cœur et une immensité d’orgueil et d’égoïsme. Je me rappelle avoir entendu dire à un artiste : « Ne donnez pas à ce pauvre-là, il est mal drapé ; ses guenilles ne lui vont pas bien. »


Loin de moi la pensée d’attribuer à notre délicieuse poétesse cette « immensité d’orgueil » et cette « férocité d’égoïsme » dont parle l’auteur de l’Art Romantique. Reconnaissons pourtant dans ces paroles de Baudelaire la claire vision du bon sens qui fouille les profondeurs de l’âme. Reconnaissons aussi que chez Renée Vivien la passion de la Beauté, d’une certaine beauté, se manifesta à la façon du culte exclusif qui ferme les yeux sur les autres réalités de la vie. Il y eut là pour elle un principe actif de douleur, de désenchantement et de mort. Bien vain serait l’effort qui consisterait à lui vouloir substituer un autre destin ! Si pourtant nous embrassons d’une