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DANS UN COIN DE VIOLETTES

de les fixer sous la forme harmonieuse du rythme. Au fond de la demeure solitaire où sa fantaisie sut grouper quelques témoignages de son culte, son regard intérieur passe au delà des objets qui lui rappellent un temps trop rapproché de nous. Statues, miroirs, tentures, qu’est ce que tout cela ? Vains et artificiels témoignages, auprès du désir qui se représente la vie entière comme une harmonie, où chaque geste est expressif et contribue à la perfection du tout ! S’être figuré l’Idéal sous ce gracieux symbole : un groupe de vierges enlacées, esquissant un pas rythmique à l’ombre des lauriers-roses, sous l’immortel azur du ciel hellénique, et couler ses jours sous l’affreux ciel parisien, eût-on pris soin par avance d’orner sa demeure de tous les objets propres à en faire oublier la noirceur, c’est quand même un rude contraste ! Pour qui possède la faculté d’expression verbale, il ne reste plus qu’à fixer son rêve dans la forme impérieuse du rythme, unique compensation de qui ne peut se satisfaire des quotidiens spectacles que la vie lui présente :