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PRÉFACE

planches, peut bien, à moins qu’il n’opte pour le crime passionnel, renoncer à tout espoir d’intéresser ses contemporains… et c’est à peine un paradoxe, ce propos d’apparence drôlatique que j’entendis récemment tenir : un roman paraîtrait aujourd’hui de la valeur de Madame Bovary, que nul n’y prêterait attention, si quelque habile arrangeur ne prenait soin de le découper en scènes pour un théâtre du boulevard !

Jugez par là du sort qui attend les poètes ! Les Fictions qui composent la matière habituelle de leurs rêves n’ont qu’un médiocre écho dans le public, habitué à de plus fortes nourritures, et dont le palais est irrémédiablement blasé. Qu’adviendra-t-il, surtout si ces fictions se rattachent à un Idéal aussi distant que celui de notre auteur ? Je me suis appliqué à marquer autre part[1] l’irréparable désaccord entre les lecteurs de ce temps et celle qui, dans l’horreur du présent, poursuit les images du passé, tentant

  1. Voir dans Nos Femmes de Lettres, l’article sur Renée Vivien.