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Repose en paix, ô rouge lance !
Évoque, dans la somnolence
De ces murs au grave silence,
Les combats d’autrefois.

Dans l’ombre que l’encens parfume,
Près de l’autel serein,
Tu regrettes le sang qui fume,
Et le choc souverain ;
Sur la plaine où le jour s’efface,
Mélancoliquement tenace,
Tu ne dresses plus la menace
De ton ongle d’airain.

Ici, le soir fumeux attriste
De son rire fané
Le sanctuaire d’améthyste
Et de jaspe veiné.
Repose dans la ténèbre ample
Et pacifique de ce temple,
Où la vierge aux bras blancs contemple
L’image d’Athéné.