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Les verts hallucinants et les bleus magnétiques
De l’eau morte, les bleus d’abîmes, et les verts
S’insinuant en nous comme un songe pervers ?…
Ah ! l’eau-morte !…

VIOLA.

Ah ! l’eau-morte !…Mais la stupeur de l’automne ivre !
Le couchant qui s’affirme en des clameurs de cuivre
Et qui s’éteint, plus doux qu’un musical soupir !
Les murs où, comme un sphinx, le soir vient s’accroupir…
Les vignes de la nuit, fiévreuses et funèbres,
Où sourd confusément le vin noir des ténèbres !

GEMMA.

On croit voir refluer votre ondoyant manteau
Sur un rythme pareil au roulis d’un bateau.

LA DOGARESSE, comme hallucinée.

L’onde nocturne m’a dévoilé ce mystère :
Une mort amoureuse et pourtant solitaire,
Un silence oublieux où dorment les sanglots,
Un sommeil violet dans la pourpre des flots…