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LA DOGARESSE.

J’ai fait taire les luths… Le silence des eaux
A plus de volupté que les sons les plus beaux…
Ah ! silence éternel où s’enlize mon âme !…

VIOLA, dans un cri d’effroi.

Oh ! ne contemplez pas les lagunes !

LA DOGARESSE, à Viola.

Oh ! ne contemplez pas les lagunes !Dis-moi,
N’as-tu point vu, sur l’eau sans clartés et sans voiles,
Un mystère d’azur et d’étranges étoiles ?
Vers la nuit, n’as-tu point frissonné, comme moi,
D’un immense désir dans un immense effroi ?

GEMMA, s’approchant de la fenêtre.

Le ciel bariolé détruit ses mosaïques,
Il s’effrite, il s’effondre…

LA DOGARESSE.

Il s’effrite, il s’effondre…Ô grave Viola,
N’as-tu point frissonné, quand le soir révéla