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Des seigneurs de la cour de Louis XIII discutaient le mérite d’une pointe du Cavalier Marin…

Le vieil érudit sentait vaciller sa raison, lorsque ses yeux errants furent captivés par une délicate et poétique vision de marquise… La pâleur des cheveux poudrés atténuait la gaîté du jeune visage. Les impatientes lèvres semblaient brûler sous des baisers invisibles. Les mains avaient la douceur du velours. Les paupières palpitaient, et les prunelles s’embrumaient d’inexprimables langueurs.

Dans la voix, chantait l’écho des anciens aveux :

« Je m’attriste, disait-elle, à la pensée que ton lourd sommeil se vautre dans ce lit, enguirlandé de roses d’or, où j’ai si merveilleusement aimé !… Que sais-tu de l’amour, toi qui dors solitaire ? C’est sur un oreiller sans repos que jadis j’ai répandu la neige odorante de ma chevelure… Mes lèvres avaient le parfum d’une fleur et la saveur d’un fruit… Les instants de la nuit passaient ardents et brefs comme les éclairs d’été, et, lorsque je m’endormais enfin, brûlante et lassée, c’était pour rêver encore d’enlacements et d’étreintes…

« Le goût de l’amour me consume dans la mort, et je suis revenue, insatiable amante, afin de chercher l’ombre