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Et ses sœurs immortelles lui demandèrent avec effroi :

« Ô Douceur de nos chants, pourquoi rester silencieuse au milieu des harmonies ? »

Elle scanda ces lentes paroles :

« Cette nuit, j’ai vu mourir Psapphâ de Lesbôs. Elle est venue sangloter sur le rocher de Leucade la douleur et l’effroi de son dernier amour.

« Et, parfois, elle chantait d’une voix étrange. Le vent du large emportait ses paroles. Je l’entendis murmurer ardemment :

« Atthis, je t’ai aimée autrefois… »

« Et ce fut un grand silence…

« Puis des noms sonores et doux s’égrenèrent sur ses lèvres :

« Gorgô, Anactoria, Dica, Andromèda… »

« Elle évoqua des chevelures et des parfums, des reflets et des échos, des frissons d’étoffes et des rayons d’étoiles, des sourires et des paroles, des aveux de vierges et des effluves de roses, tout l’incomparable passé.

« Elle s’enivra d’anciennes souffrances.

« Elle savoura les anciennes tristesses.