Page:Vivien - Brumes de fjords.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il reconnut la voix de l’Épouse défunte.

La Morte lui disait avec tristesse :

« Tu as frémi d’horreur au son de mes plaintes inachevées.

« Et tu as craint un instant que je ne surgisse de la tombe où tu m’as ensevelie avec des larmes feintes et de faux sanglots.

« Certes, je fus la femme acariâtre, à la jalousie toujours en éveil,

« Mais je fus aussi la vierge amoureuse qui pâlissait au soupir des aveux.

« Je fus la blanche épousée qui tremblait, lorsque, âprement, tu ravageas sa couche liliale.

« Évoque les heures nocturnes où tes lèvres s’enivraient de la saveur de mon corps.

« Songe aux longs sommeils dans la tiédeur de nos chairs mêlées.

« Revis, ô mon époux ! les nuits où je t’aimais et où tu m’as aimée. »

Le meunier sentit se réveiller en lui le regret des caresses d’autrefois.

Il oublia les tourments, les soucis et les querelles, et