« Je sais le secret des espaces et des nombres, des océans et des aurores.
« J’ai interrogé les astres et le silence, j’ai sondé résolument l’épouvantable univers, j’ai affronté l’horreur de l’Inconnu,
« Je me suis incliné sur les abîmes et je me suis enfoncé dans les ténèbres.
« Mais, aujourd’hui, je dors d’un sommeil paisible sous la terre,
« Car je n’ai point connu l’amour. »
Et je vis la face torturée d’un Mort qui ne dormait qu’à demi, oppressé par un cauchemar.
Je touchai ses lèvres avec la fleur mystérieuse.
Il gémit d’une voix de souffrance :
« J’ignore le sommeil attiédi sous la terre…
« Les Morts, mes voisins, dorment divinement.
« Parfois, ils se retournent sur leur couche sereine.
« Le sol qui les recouvre est pareil à un velours parfumé… Ils écoutent obscurément les bruits voilés de l’existence qui ne les atteignent plus.
« Ils sentent germer, sourdre et grandir l’effort des plantes et des fleurs vers le lointain soleil…