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Elle dormait, très blanche, en un cercueil d’ivoire.

Je touchai ses lèvres avec la fleur mystérieuse qui prend racine dans le cœur des Morts.

Et la Morte parla d’une voix alanguie :

« Je dors sans rêves sous la terre parfumée,

« Parce que je n’ai point connu l’amour. »

Et ses lèvres se turent, souriantes.

Un roi était enseveli en un cercueil d’or.

Je touchai ses lèvres avec la fleur mystérieuse,

Et le roi me répondit :

« Je dors d’un sommeil heureux sous la terre.

« J’ai connu le fracas des assauts, la sonorité des clairons et des cris de bataille, le piétinement des armées, l’angoisse ardente des luttes et l’éclat des victoires ;

« J’ai connu la toute-puissance, l’orgueil et la splendeur sans limites, et le vaste rayonnement d’une couronne ;

« Mais je n’ai point connu l’amour,

« Et c’est pourquoi je dors sans regrets sous la terre. »

Un prophète dormait en un cercueil d’ébène.

Je touchai ses lèvres avec la fleur mystérieuse,

Et le prophète me répondit :

« Je dors d’un sommeil paisible sous la terre,