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maître des forces qui émanent de la pensée et libéré de l’esclavage des sens. Quand nous aurons conquis ce pouvoir nous serons véritablement une volonté ; c’est alors seulement que nous aurons fait un grand pas vers la liberté ; nous n’aurons été jusque-là que de simples machines.

Être maître de sa pensée ! combien cela est difficile ! On l’a comparé non sans raison à un singe fou. Il y avait une fois un singe, naturellement turbulent ainsi que tous les singes ont coutume de l’être. Mais, comme si ce n’eût suffi, quelqu’un s’avisa de le gorger de vin, ce qui le rendit plus agité encore. Et voici qu’un scorpion le mordit. Un homme mordu par un scorpion saute de-ci de-là, pendant tout un jour ; vous comprendrez donc que le pauvre singe se trouva dans une situation pire que jamais. Pour comble de malheur, un démon pénétra en lui. Quels mots pourraient bien décrire l’agitation effrénée de ce singe ? La pensée humaine est semblable à lui ; sa nature même la fait constamment active ; elle se grise du vin des désirs, et accroît ainsi sa turbulence. Puis, après que la pensée a été prise par le désir, voici la piqûre du scorpion, la jalousie de ceux dont les souhaits sont exaucés ; enfin, le démon de la vanité s’em-