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LE GÉNÉRAL

Oui, un canon. Mais c’était une plaisanterie, n’est-ce pas ?

IDA, qui ne comprend pas, qui ne peut pas comprendre.

Non, monsieur, c’est une infirmité.

(Longue gêne. Ida se cache la tête dans les mains.)
IDA

Quelle confusion ! quelle honte !

ÉMILIE

Ma chère amie, ma chère Ida, que se passe-t-il ? Qu’as-tu ? Es-tu malheureuse ? Que puis-je comprendre. Je ne te connais pas. Nous nous sommes quittées si petites.

IDA

Je ne puis pas, je ne puis pas.

(Elle pète. Même jeu.)
IDA

Pardon, pardon, excusez-moi. C’est atroce, je ne puis pas me retenir. C’est une maladie terrible. Comment vous expliquer ? Une émotion violente, il n’en faut pas plus à certaines heures. Savais-je que je te rencontrerais, et je ne puis rien contre ce besoin immonde. Il est plus fort que tout. Au contraire, il suffit que je veuille, que je fasse un effort pour qu’il me surprenne et se manifeste de plus belle.

(Elle pète longuement.)

Je me tuerai, si cela continue, je me tuerai.

(Elle pète encore.)
LE GÉNÉRAL, à part.

Quelle histoire !

(Les rires fusent.)
IDA

Riez ! riez ! je le sais bien, allez, on ne peut pas s’empêcher d’en rire. Je ne vous en veux pas. Riez donc ! Il n’y aura après ni gêne de votre côté, ni gêne du mien. Cela nous calmera tous. J’ai l’habitude. Il n’y a qu’un remède, c’est le rire.

(Ils rient de toutes leurs forces pendant qu’elle pète toujours, la tête dans ses