Mais tu l’as déjà racontée, mon petit…
Ah, je te tiens, Bazaine, je te tiens, eh bien, tiens, tiens, tiens ! (Pleurant.) Je vais mourir. Sa photographie ! Non, rien de vous, monsieur le Curé, pas de lecture, je vous en prie, je commande soldats, je vous dois la vérité, je suis cocu, et maintenant, visez, droit au cœur, droit au cocu.
Je vous l’avais bien dit. (Elle pleure.) Et depuis plus d’un mois c’est le même manège, imprévisible, latent, terrible.
(Silence angoissé. Personne n’ose bouger. Thérèse et Charles se regardent épouvantés. Lili se tient dans l’embrasure de la porte. Esther renifle dans un coin.)
Antoine, au nom du peuple français, je te fais chevalier de la Légion d’honneur.
Tu es gentil, Victor. Moi aussi je t’aime bien. Ta poésie m’a beaucoup touché. De qui est-elle ?
Elle est de Victor de Laprade. Je l’ai dite parce qu’il s’appelle Victor, comme moi.
N’est-il pas adorable ? Eh bien, Esther ? tu pleures. Ta mère te refuse quelque chose, je suis sûr. Thérèse, ne la contrarie pas aujourd’hui. Donne-lui de la moutarde si elle en a envie, et elle va nous dire quelque chose, elle aussi. C’est son tour. N’est-ce pas, Esther ?