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CHARLES

Victor, tu te permets trop de libertés avec monsieur Magneau.

VICTOR

Parle, Antoine ! Silence au camp !

(Tous se taisent, gênés et effrayés.)
ANTOINE

Des cochons. Des cochons. Des cochons. La petite cavalerie de Sedan, avec ses chevaux arabes, ah ! ah ! Mais l’autre, brillamment chamarré entre deux nègres, nous livrait le Sénégal et le Haut-Niger. Que faisait Faidherbe ? Faidherbe, debout sur un taureau, escorté de 1 400 spahis, descendait soudain par le petit escalier portatif de cuivre et de pourpre, jusqu’au désert où se mouvaient tous les samalecs africains, comme une mer de courtoisie, et plantait au milieu de la fantasia un palmier qui produit des dattes tricolores :

Vive donc la Troisième République, qui garantit l’instruction obligatoire, forme des citoyens dignes de ce nom, principes de stricte solidarité humaine qui sont les legs les plus précieux de la Révolution.

À part ça, tous des cochons, des cochons et des patriotes.

(Il se tait. Un silence angoissé.)
VICTOR

Et Bazaine ?

TOUS

Oh ! oh ! oh !

ANTOINE

Bazaine ? (Regardant Charles dans les yeux.) Charles, connais-tu l’histoire de Bazaine ?

CHARLES

Non.