Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ÉMILIE

Allons, ne te fais pas prier. Tu n’es pourtant pas timide. Je suppose que madame et monsieur Magneau ne te font pas peur.

VICTOR

Non, mais c’est le général.

LE GÉNÉRAL

Victor, dis-nous une poésie. Tu en sais bien une, que diable. Tout le monde sait une poésie.

ÉMILIE

Et il dit si bien !

VICTOR, se levant.

Général, c’est pour vous. C’est pour la France.

Tu seras soldat, cher petit.
Tu sais, mon enfant, si je t’aime,
Mais ton père t’en avertit,
C’est lui qui t’armera lui-même,

Quand le tambour battra demain,

Que ton âme soit aguerrie
Car je viendrai offrir ta main
À notre mère, la Patrie.

ANTOINE, se levant brusquement.

Je demande la parole.

VICTOR

Tu l’as, Antoine.

THÉRÈSE

Assieds-toi, Antoine.

TOUS

Laissez-le, Thérèse, voyons, laissez-le, laissez-le s’amuser.