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maintenant. Bravo, Charles. Vive le marteau. Moi je préfère la scie, c’est plus mélodieux. Affaire de goût, n’est-ce pas ? affaire de goût. Bonsoir Thérèse. (Il l’embrasse.) Eh bien, tu dans l’esprit du ne m’embrasses pas ? Elle ne m’embrasse pas. Elle ne m’embrasse jamais. Je ne sais pourquoi. Affaire de reddition. Onze mille fusils, trois cents canons, et le feu de joie aux drapeaux. Quelle vie ! Ah, voilà la petite cantinière. Mam’zelle Esther. Salut militaire. Vive le Premier Consul !

(Il chante.)

Je suis la fille de Mont-Thabor, ran, ran, ran, ran.
La fille du tambour-major, ran, ran, ran, ran.

(Il embrasse sa fille.)

Écoutez, je suis ravi de vous voir tous en si bonne santé. Surtout Charles. Charles, mon vieux, vous, vous êtes amoureux. Non ? Quelle blague. Eh bien, Émilie, je ne vous fais pas mes compliments. Vous ne pouvez pas retenir ce gaillard. Allons donc. Thérèse, montre-nous comment tu mets le feu aux poudres. Allez, le jeu des mains, des chevilles, le virage des yeux, le balancement des organes et la Trêve-Dieu, enfin, le Trêve-Dieu…

CHARLES

Antoine, mon cher ami, vous prendrez bien… tenez, un verre de quinquina.

ÉMILIE

Oui, de quinquina…

THÉRÈSE

Mon ami, je t’en prie, tais-toi. Les enfants t’écoutent. Assieds-toi.

ANTOINE

Ah, les braves gens !

(Il se laisse tomber sur un siège.)
VICTOR

Monsieur Magneau, monsieur Magneau !