muet”. La mienne : “Mais si Antoine, là d’un coup”. Le tien : “Ton cou me sauverait”. La mienne : “Horizon ravi”. Le tien : “Laisse-là cette pieuvre rose”. Je suis sûre de la pieuvre, le reste n’est que de l’à peu près.
C’est tout ?
La mienne a pleuré, et le tien est parti en claquant la porte.
Alors ?
Alors papa est arrivé en chemise. Il a fait le tour du salon en disant : “Je ne me sens pas bien”. Il répète toujours qu’il ne se sent pas bien. “Moi non plus”, a dit maman. Il s’est agenouillé à ses pieds. Maman tremblait. Et il a crié, comme il le fait depuis quelques jours : “Les petits veaux valent mieux que vos petits ! Bazaine !” Et, comme le docteur a recommandé à maman de ne pas le contrarier, tout le monde est allé se coucher.
Ah ! quelle destinée. Moi, tour à tour, à l’essai du marteau, du rabot, de la plume, des soupapes, de la vapeur, de l’amour. Maintenant de l’amour. Et là-dessus, la botte pesante de mon père, et le grand vertige des femmes dans leur appartement. (Déclamant) :
Je l’ai laissé passer dans son appartement.
Je l’ai laissé passer dans son appartement.
(Annonçant.) Les voilà : l’Enfant Terrible, le Père Indigne, la Bonne Mère, la Femme Adultère, le Cocu, le vieux Bazaine. Vive l’hirondelle ! l’outarde, le paradisier, le cacatoès et le martin-pêcheur. Vive la raie bouclée et la torpille. (Changeant de ton, à Esther qui suit la scène, la bouche et les yeux grands ouverts.) Vive Antoine !