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VICTOR

Évidemment. Si j’étais coupable, je n’irais pas m’en vanter.

ESTHER

Bien sûr ! (Un temps.) Pauvre Lili !

VICTOR

N’en parlons plus. Dis donc, Esther, j’ai une belle histoire à te raconter.

ESTHER

Veine ! Dis vite.

VICTOR

Tu connais Pierre Dussène ? Oui, tu le connais, celui qui se promène avec un grand fouet et qui collectionne les serpents. Eh bien, je suis sorti avec lui hier soir.

ESTHER

Hier soir ? sans Lili ?

VICTOR

Non, Lili est venue ; mais nous l’avons chassée à coups de pierre. Elle ne s’en vantera pas. Je la tiens. Elle nous attendait chez sa sœur pendant que nous allions à la comédie, sous la halle.

LILI

Quelle chance, tu as, Victor !

VICTOR

La paix… C’était merveilleux.

(À mesure qu’il raconte il imite les comédiens.)

Devant un rideau rouge et beaucoup de papillons, un homme, le visage couvert de plumes se roulait aux pieds d’une femme à cheval qui tenait une grande croix.

ESTHER

Vraiment ?

VICTOR

Et il chantait :