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assez sublimes pour ravir tous les suffrages. Il se tromperait celui qui penserait découvrir en mes Paysages introspectifs le type idéal si longtemps cherché du poème symbolique tel que je le définis dans cet Essai. Trop d’autres illustres, trop d’autres, mes maîtres, ont offert des modèles définitifs du genre, pour que je me permette de les ignorer. J’oserais presque dire que mes vers n’ont rien à voir avec ma préface. À peine si je me suis efforcé dans trois ou quatre pièces, telles que Épithalame, Tout sentir, l’Aveugle, Hippolyte, de me rapprocher de ce genre que j’appelais la poésie pure ; — inutile d’ajouter que je n’y suis point parvenu. Bien mieux, dans Poeta Pax et Poesis et dans Poesis et Scientia, j’ai tiré des magasins de l’allégorie d’odieux accessoires, aussi, pour atténuer les déplorables effets de ces deux pièces, n’ai-je eu d’autre recours que de les appeler Deux peintures murales.

Le titre pédant de mon livre me plaît, me faisant songer aux mystiques, qui ont perçu le ciel à travers eux-mêmes et leur âme, réfléchie par les choses. Comme eux solitaires, enthousiastes et purs, à l’abri du monde, sans en rien ignorer des joies ni des peines, j’aurais aimé atteindre à l’acuité de vision nécessaire pour découvrir le réel derrière la nature, l’idée vivante par delà la forme matérielle. Hélas ! je ne suis pas plus descendu aux Grottes de la Conscience, que monté sur la Crête de l’Âme.