ainsi que l’entendent les symbolistes, pour qui les mythologies contiennent plus de vérité que nos manuels d’histoire[1]. C’est qu’un mythe est le miroir toujours lucide où se reflètent les idées, les croyances, l’âme des peuples ; la source éternellement vive qui fuse les pensées essentielles dont s’abreuve l’homme quotidien ; son actualité ne tarira jamais, chaque âge y puise sans l’épuiser la ferveur de son inspiration[2].
Le religieux respect dont s’entoure la légende s’explique encore par la nécessité qu’éprouve le poète de couler sa pensée dans des creusets capables de mouler sans cassures toutes les saillies, tous les reliefs de ses rêves d’homme. Seul le mythe est assez vaste pour s’offrir comme l’expression d’une philosophie universelle ; seul le mythe est assez clair pour susciter toutes les adhésions. Et de ce côté isse le point de suture entre l’esprit populaire et l’inspiration de l’artiste.
Peut-être viendra-t-il le jour béni, où, comme au moyen âge, le poète et la foule à nouveau fraterniseront, l’un expliquant à l’autre et commentant au
- ↑ Les mythes, déclare Ballanche, sont des emblèmes de vérité. Novalis avait déjà dit : « alles pœtische muss märchenhaft sein. »
- ↑ « Les légendes sont parfois des symboles dont le voile laisse entrevoir les réalités immortelles de la pensée et de la vie. » Gebhardt. Séance annuelle des cinq académies du 22 octobre 1903.